Je prévois qu'on me pardonnera difficilement le parti
que j'ai osé prendre. Heurtant de front tout ce qui fait aujourd'hui
l'admiration des hommes, je ne puis m'attendre qu'à un blâme universel; et ce
n'est pas pour avoir été honoré de l'approbation de quelques sages que je dois
compter sur celle du public: aussi mon parti est-il pris; je ne me soucie de
plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode. Il y aura dans tous les
temps des hommes faits pour être subjugués par les opinions de leur siècle, de
leur pays, de leur société: tel fait aujourd'hui l'esprit fort et le
philosophe, qui par la même raison n'eût été qu'un fanatique du temps de la
Ligue. Il ne faut point écrire pour de tels lecteurs, quand on veut vivre
au-delà de son siècle.
JEAN-JACQUES ROUSSEAU „Si le rétablissement des
sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs.” |